Camille Brès vit et travaille à Strasbourg. En 2011, elle est diplômée de la Haute Ecole des Arts du Rhin avec les félicitations du jury et est récompensée par le prix Pflimlin. De nombreuses expositions collectives et personnelles en France, en Suisse et au Luxembourg, ont été consacrées à son travail. L'Académie des Arts Rhénane lui décerne également un prix en 2015.
Son quotidien constitue un de ses sujets de prédilection : elle l'interprète à travers la pratique de la peinture à l'huile sur toile, de la gouache, du pastel ou de l'aquarelle sur papier, et par la réalisation de portraits ou d'autoportraits. Les proches de Camille Brès, comme son jeune fils, ou des environnements familiers, comme celui de son atelier, sont donc des sujets récurrents de sa peinture.
Les toiles de Camille Brès, avec leur palette de couleurs vibrantes, leur composition étudiée, notamment à base de jeux de miroirs et d'effets de cadrages, donnent au familier une profondeur intime et poétique. Toutefois, si le travail de Camille Brès puise dans ce qui lui est proche, il n'a pas de vocation autobiographique pour autant : la mise en scène de ses modèles et de ses sujets produit une distanciation, voire une tension, qui participe à l'aura énigmatique que dégagent plusieurs de ses œuvres.
Chez Camille Brès, la couleur se pense de façon radicale et structurante. Les aplats de couleurs franches et la complexité spatiale de ses compositions géométriques créent une fausse impression de planéité tout en construisant un ensemble résolument graphique dont la rigidité évoque le primitivisme flamand. Il y a parfois quelque chose de théâtral et de mélancolique dans la présence ou l'absence de la figure humaine au sein des peintures de Camille Brès, qui n'est également pas sans rappeler l'étrangeté de l'œuvre de Vilhelm Hammershoi ou l'impression de temps suspendu dans celle de Edward Hopper. Chez Camille Brès, la théâtralité tient aux objets et aux figures devenant respectivement des accessoires et des acteurs, permettant le déploiement de plusieurs couches de narration.
“Tout peintre se peint” : si la formule nous vient de la fin du Quattrocento, elle pourrait encore s'appliquer, en l'occurrence, à la dimension portraitiste du travail de Camille Brès où ses modèles incarnent des figures-relais et autant de possibilités de transfert par lesquels l'artiste nous raconte sa peinture et se raconte elle-même comme peintre. Camille Brès a souvent recours à la mise en abîme picturale, convoquant les oeuvres des maître tels que Grünenwald (Sur le motif, 2023), Gauguin ou Picasso (La salle d'attente, 2017), multipliant les surcadrages avec la présence de fenêtres, de miroirs ou d'écrans dont les reflets composent une autre image dans l'image.
Camille Brès est une peintre du quotidien, le sien, qui devient inévitablement le nôtre tant, malgré leur dimension personnelle, son sens du sujet permet l'appropriation de ses oeuvres ; et pourtant, même en étant aussi enracinée dans sa vie de tous les jours, la peinture de Camille Brès a quelque chose d'intemporel qui semble tenir du souvenir ou du rêve. Cette tension, nourrie par des palettes parfois presque saturées, des contours nets, des découpages géométriques et un traitement de l'espace régulièrement inspiré par la perspective des artistes de la Renaissance, achève de faire de l'oeuvre de Camille Brès une énigme familière à la force évocatrice.