• Camille BRES
  • Les transports amoureux
  • galerie EAST, Strasbourg
  • déc.. 03, 2022 - févr.. 04, 2023
Les transports amoureux Les transports amoureux

Camille BRES

©EmilieVialet Les transports amoureux

Camille BRES

©EmilieVialet Les transports amoureux

Camille BRES

©EmilieVialet Les transports amoureux

Camille BRES

©EmilieVialet Les transports amoureux

Camille BRES

©EmilieVialet Les transports amoureux

Camille BRES

©EmilieVialet Les transports amoureux

Camille BRES

©EmilieVialet


En décembre 2021 la galerie EAST m'a proposé de concevoir une exposition personnelle pour l'année à venir. Cette invitation impliquait de produire un nouvel ensemble de gouaches sans exclure la possibilité d'en intégrer de plus anciennes. Contrairement à la manière dont je procède habituellement, j'ai voulu choisir un thème, une idée qui me servirait de fil rouge. Le choix était délicat, je souhaitais que ce thème découle naturellement de mon travail, m'amuse, m'inspire et si possible m'emmène sur de nouveaux terrains.

J'ai rapidement retenu la thématique des moyens de transport. Ils existaient déjà dans ma peinture et cette idée stimulait mon imaginaire, réactivant au passage d'anciens projets oubliés. J'ai trouvé le titre de l'exposition dans la foulée : Les transports amoureux. Cette ancienne métaphore évoquant des sentiments passionnés s'est imposée à moi. J'ai d'ailleurs appris en écrivant ces quelques mots que « métaphore » vient du grec ancien metaphorá qui signifie transport… Chacune des peintures de l'exposition respecte le thème au sens propre et, finalement, il n'y a que le titre qui soit une image !

J'associe volontiers les moyens de transport à des notions positives telles que le voyage et l'indépendance mais en vérité, je les subis. Ils m'inquiètent et m'angoissent. J'imagine qu'il y a un lien étroit entre le stress que me provoquent voitures, vélos, trains, ascenseurs et le désir que j'ai de les représenter. Par ailleurs, j'aime que des outils conçus pour le mouvement et le déplacement soient les sujets principaux ou les décors de mes peintures immobiles. Depuis que j'ai un fils, la littérature jeunesse a pris une certaine place dans mes lectures et si j'ai écarté les animaux de la ferme, les dinosaures, la mythologie ou encore les volcans, il y a des chances pour que certains ouvrages de la bibliothèque de Jonas aient orienté mon choix : Le grand imagier des transports chez Gallimard Jeunesse par exemple.

À l'instar du livre, je tenais à ce que l'exposition propose une certaine diversité de moyens de transport et, comme toujours dans mon travail, les sujets devaient provenir de mon expérience personnelle ou de mon quotidien. Partant de ce principe, je me suis mise au travail et très naturellement, sont apparus : une scène représentant ma soeur et mon fils dans un RER, une route vue au travers de mon pare brise, mon Peugeot Partner blanc sous la lune, un manège, des enfants que j'avais fait poser devant un vélo, etc. Tout se passait à merveille, mais aucun avion, aucun bateau ne se profilait à l'horizon. Mes transports étaient terriblement terrestres. Je n'ai en effet pas pris l'avion depuis longtemps. Grâce à ma phobie, je fais partie des gens pour qui ; voyager éthique et écologiquement responsable n'est pas un sacrifice. Dès le début, je savais qu'il faudrait ruser avec les transports aériens. J'ai peint ma voisine tenant son bébé contre elle dans l'ascenseur extérieur de notre immeuble mais malgré le ciel flamboyant derrière les vitres, cela ne pouvait pas suffire. Alors sont arrivés le vaisseau Star-Wars et la soucoupe volante du manège de bord de mer. Plus surprenantes ont été les difficultés que m'ont posées les transports maritimes. J'ai énormément misé cet été sur la visite du Redoutable, ancien sous-marin nucléaire transformé en attraction à la Cité de la mer de Cherbourg. L'expérience a été riche, mais n'a malheureusement provoqué aucune peinture. À moins qu'elle n'ait eu un rôle dans l'élaboration de la gouache Touché-Coulé : le sous-marin de cette bataille navale est peut-être un Redoutable miniature.

Mes toutes premières gouaches, en 2018, étaient des affiches peintes annonçant des évènements imaginaires. J'ai repris ce principe en peignant l'affiche de l'exposition, cette fois ci, bien réelle ! Sous le titre et les divers renseignements on reconnait un intérieur de voiture. Le point de vue est celui d'un passager arrière, spectateur d'un geste tendre entre la personne qui conduit et celle assise à la place du mort. L'autoradio semble afficher un rythme cardiaque agité. Ce sont des amoureux dans un moyen de transport amoureux.