Les jours ouvrables Les jours ouvrables

Marius PONS DE VINCENT

photography ©EmilieVialet Les jours ouvrables

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L’ATELIER MACHINE

texte de Marius PONS DE VINCENT



L’atelier est le lieux, le support et le sujet de mes peintures.
Au cours du travail, des choses tombent. Impressions sur papier A4 souillées ou chiffons raidis par la matière, les chutes s’entassent dans l’atelier. Elles ont été les consommables utiles à la fabrication d’une peinture. Certaines deviennent le sujet d’un prochain tableau et à nouveau, des choses tombent. Mon travail produit des déchets dont il s’alimente par la suite.
Je peins sur du bois apprêté à la colle de peau et à la craie, sur mes chiffons tachés que je tends sur châssis et que j’encolle, sur le verre, sous le verre, souvent celui de mes palettes. Il m’arrive de compter jusqu’à neuf tableaux en cours. Cela me permet de penser à la fois à la raideur d’un portrait de Memling, aux couleurs de Martial Raysse, à Robocop, à Malcolm Morley, à des erreurs d’impressions, à Mondrian, à Christian Schad, à Franck Stella… J’aime travailler à la grisaille d’un drapé tout en réfléchissant à un moyen de peindre comme une imprimante.
Les « familles » de tableaux naissent de la diversité des supports . Ces ensembles ont des formes différentes mais sont cependant perméables les uns aux autres. Il y a des traits communs. J’ai, par exemple, régulièrement recours au trompe l’oeil. Je cherche à faire passer la peinture pour ce qu’elle n’est pas : du papier, du scotch, une impression jet d’encre…
Dans la série Studio et dans Un café à l’atelier, j’intègre dans l’espace que je peins l’image imprimée dont je me suis servi comme modèle. Je reproduis la feuille à échelle un, scotchée au mur. Je confronte ainsi l’échelle de la scène représentée à celle du A4, d’un bout de ruban adhésif, du réel. Un objet dont la place est en coulisse se trouve dans le cadre. En rapprochant la mise en scène du tableau et celle de sa fabrique, je veille à ce que le travail du peintre soit aussi le sujet.