PEINTURE SUR CHIFFON
texte de Marius PONS DE VINCENT
Je tends mes chiffons sur châssis. Je les encolle généreusement car le tissus est déjà bien éprouvé par son premier usage. À l’origine, je suis sensible à l’aspect plastique de ce corpus de taches. Il incarne un cliché de l’atelier du peintre mais il est aussi porteur de la mémoire de tableaux finis. Je ne m’émerveille pas devant mes déchets mais j’y vois une force plastique et sémantique qui me donne envie de les transformer.
Ainsi, les chiffons deviennent le support. Je cherche la zone à épargner des couches de peinture opaque, où le tissus bariolé restera visible. Ces surfaces prennent, selon les tableaux, des formes différentes. Un chiffon à nouveau, un rideau, le motif d’un fond où vient se plaquer un nuage, ou encore une image contenue dans une fenêtre informatique.
Quelque soit le statut que je donne à cette surface, je tâche de peindre à l’économie en servant une idée simple. Je veux fabriquer un écrin dans lequel elle puisse curieusement exister